Et voilà que je commençais une nouvelle année scolaire la semaine dernière. Quels moments pleins de fébrilité! Quel plaisir de retrouver des collègues-ami(e)s et ami(e)s-collègues! C’est aussi un moment pour célébrer des anniversaires pour certains. Mon patron a une formule amusante pour souligner ce moment.
C’est à ce stade que j’ai eu ma surprise!
Pendant que nous écoutions les chansons les plus populaires de l’an 1994 pour nous remettre dans le temps que mes collègues célébrés ont rejoint nos rangs, mes yeux se sont remplis de larmes. Je n’ai reconnu aucune des chansons. Non, je ne perds pas la tête. Le tout à rapport à l’année en question.
1994 avait été une année un peu particulière pour ma petite famille. Nous avons commencé notre année au mois de janvier avec une visite à l’Institut Neurologique de Montréal pour rencontrer le neurochirurgien de mon petit mari. Il y avait évidemment mon petit mari, ma fillette de 17 mois, ma bedaine et moi. Nous allions voir si JM devait subir une autre chirurgie cérébrale, sa deuxième. La seule demande que j’aie faite à ce moment-là était que nous attendions que le petit hébergé dans ma bedaine fasse son apparition. Je ne voulais pas être seule pour l’accueillir.
Vous voyez, la première chirurgie du petit mari l’avait gardé à l’hôpital pendant sept semaines. J’ajoute que je m’inquiétais cette fois que le petit papa chéri de ma petite perde temporairement la mémoire et l’habileté de parler, soient les risques de sa première chirurgie.
Les médecins ont accepté d’attendre à l’accouchement du petit avant de mettre ‘tit mari sur la liste d’attente. JM a quitté ma chambre d’hôpital une fois que notre petit de dix livres et demie s’est montré le nez pour traverser la rue et dire qu’il était maintenant prêt.
Nous n’avons pas attendu longtemps. En moins de deux mois, JM était de nouveau à l’hôpital. Puisque j’étais en congé de maternité avec deux bébés en bas âge, je le visitais à tous les jours avec les bébés jusqu’au moment ou je me suis retrouvée par terre à côté de mon petit et mon chien. Ma grande de 22 mois est rentrée en courant, avoir compris que ça n’allait pas malgré son jeune âge. Semble-t-il, je m’étais cassé deux os dans le pied en plus d’avoir déchiré des ligaments.
J’ai appelé pour de l’aide en premier et en attendant du secours, j’ai appelé JM pour lui dire que je devais me déplacer vers un autre hôpital. La conversation n’a pas été longue, mais avant que mon secours arrive, JM m’a rappelée pour m’annoncer qu’il avait eu une crise. Son inquiétude était que la chirurgie n’aurait pas donné les résultats souhaités.
Nous voilà maintenant deux estropiés avec deux bébés en bas de deux ans. JM , évidemment, ne pouvait pas travailler pendant des mois et, deux mois de mes cinq mois de congé de maternité, je ne pouvais presque pas me déplacer puisque mon pied était dans un état assez particulier.
Cela ne vous surprendrait peut-être pas que les émotions, l’épuisement typique de parents de jeunes enfants, les inquiétudes pour le bien-être de chacun et pour les finances aient pris toute notre attention cette année-là.
Et voilà; 25 ans plus tard, lors d’une journée de câlins et de retrouvailles, l’intensité d’une année épouvantable m’a frappée à plein fouet.
C’est cela qui arrive parfois avec les traumatismes et le deuil. Nous pouvons tenir fort pendant que tout se passe et ils nous retrouvent dans des moments inattendus et surprenants.