Bonne fĂȘte Ă moi! Bien oui, c’est mon anniversaire de naissance aujourd’hui. En temps normal, je ne souligne pas mon anniversaire. J’ai mĂȘme tendance Ă le cacher. Ăa n’a rien Ă voir avec l’Ăąge. Je n’aime tout simplement pas ĂȘtre le centre d’attention.
Aujourd’hui, c’est diffĂ©rent. Je veux le souligner haut et fort.
Je veux reconnaitre que c’est un privilĂšge de vieillir. Je ne garantis pas que je me sente toujours comme ça, mais pour le moment; quel privilĂšge et quelle joie!
La chose qui vient avec mon anniversaire est le dĂ©but du temps des fĂȘtes, NoĂ«l Ă©tant dans exactement cinq semaines. Pour ma parentĂ© amĂ©ricaine, ils sont en prĂ©paration pour Thanksgiving. De notre cĂŽtĂ©, le magasinage est de mise et je dois commencer mes cartes de NoĂ«l!
Cette annĂ©e, le temps des fĂȘtes sera particulier pour plusieurs. Covid change bien des choses. C’est possiblement la premiĂšre fois qu’ils ne seront pas avec leurs proches. Pour certain c’est un affront: « C’est pas vrai que je n’aurai pas ce que j’ai toujours eu! »
Pour d’autres, c’est tout simplement triste, un rappel de la solitude qu’ils vivent, possiblement amplifiĂ©e.
Pour certains, c’est une autre cĂ©lĂ©bration sans leurs proches forcĂ©e par les distances physiques et les responsabilitĂ©s.
Revenons Ă mon anniversaire. Ce soir je vais avoir la chance de voir ma fille via visioconfĂ©rence pour que je souffle une bougie. Elle est en sĂ©curitĂ©. Elle est en santĂ©. Mais elle est loin. Elle me manque. Ăa fait dĂ©jĂ 16 mois depuis que j’ai pu la prendre dans mes bras. Peut-ĂȘtre l’annĂ©e prochaine. Pour lâinstant, je ne veux pas la voir. Pas ici, dans la rĂ©gion de MontrĂ©al, puisqu’il y a un risque plus important de Covid qu’elle a Ă Terre Neuve. Pourquoi je risquerais ma grande? Pour combler le besoin d’une maman de voir sa fille? Je veux tellement la voir et enfin rencontrer son ami de cĆur, mais savoir qu’elle est en sĂ©curitĂ© est tellement plus important pour moi.
Je me sens choyĂ©e que je pourrai la » voir « . AprĂšs tout, il y a quelques annĂ©es, elle se retrouvait dans la jungle en IndonĂ©sie pour Ă©tudier des orangs-outans. Nous n’avions pas de nouvelles pour un mois Ă la fois. Quelle longue annĂ©e! Je ne vous cacherai pas que nous savourions sa voix les fins de semaine qu’on pouvait lui parler, avec une soif…
Cette annĂ©e-lĂ ma cousine m’expliquait la chance que j’avais de savoir que ma fille Ă©tait sur la « terra firma ». La sienne avait fait le tour du monde en voilier…
Je reviens Ă ma fĂȘte aujourd’hui. Ce matin, je pensais aux histoires que j’ai entendues de mon premier anniversaire.
J’ai un album avec une assez grande quantitĂ© de photos de mes premiers pas, mon premier anniversaire et mon deuxiĂšme NoĂ«l. C’Ă©tait la façon que ma mĂšre a pu inclure mon pĂšre dans « mes premiers ». Elle prenait des photos pour lui envoyer. Vous voyez, pour plusieurs de mes premiers comme bĂ©bĂ©, mon pĂšre se retrouvait Ă presque 4000 km nord de nous. Il Ă©tait Ă Alert pour son travail. Il faisait partie du systĂšme d’alerte pendant la Guerre Froide pour la sĂ©curitĂ© de l’AmĂ©rique du Nord. Mame faisait son possible que ses quatre enfants (entre 1 et 5 ans) ne ressentent pas trop l’absence de leur pĂšre cette annĂ©e-lĂ . Elle a dĂ» le faire tout en Ă©touffant comment il lui manquait…
La Guerre Froide est maintenant terminĂ©e, au moins je le crois, mais il y aura encore des hommes et des femmes qui se retrouveront loin de leurs familles en mon nom et le vĂŽtre. Les enfants ne seront pas avec leurs parents qui servent notre pays. Ils sont assez forts pour faire face aux fĂȘtes sans leurs proches. Ils ne chialent pas. Ils essaient de cĂ©lĂ©brer ce qu’ils ont devant eux…
Pouvons-nous faire la mĂȘme chose? Pouvons-nous ĂȘtre aussi grands et forts que les enfants et Ă©poux et Ă©pouses de toutes personnes qui doivent quitter leurs familles en notre nom?
Je rajoute ma reconnaissance pour les personnes, comme ma belle sĆur, qui manquent des cĂ©lĂ©brations avec leurs proches parce qu’elles travaillent dans des rĂ©sidences et des hĂŽpitaux. Dans le temps de Covid, ces gens doivent penser Ă leurs rĂ©sidents. Combien ne verront pas les leurs pour protĂ©ger leurs protĂ©gĂ©s?
Pouvons-nous aussi limiter nos célébrations pour protéger notre prochain?
Ils disent jamais deux sans trois. Voici mon troisiĂšme. Je veux lever mon chapeau aux personnes qui trouvent une façon crĂ©ative de cĂ©lĂ©brer puisque la prĂ©sence d’un problĂšme de santĂ© important les sĂ©parent de leurs bien-aimĂ©s. C’est une question de survie…
Sans le stress d’une condition physique possiblement fatale, pouvons- nous ĂȘtre crĂ©atifs de notre cĂŽtĂ© et savourer ce que nous avons sans risquer notre prochain?
Je vous souhaite de savourer de doux moments, peut-ĂȘtre diffĂ©rents, en approchant une nouvelle annĂ©e.