comment qualifier…

Parfois en conduisant mes idées sautent du coq à l’âne.

J’ai eu un de ces moments, pendant une conversation avec de nouvelles collègues aujourd’hui. La conversation a commencé sur le sujet des livres pour tomber sur le sujet des situations médicales douloureuses. Nous avons terminé sur le sujet des résonances magnétiques.  En rentrant à la maison, je me suis retrouvée à repenser à notre conversation. Puisque mon mari a eu toute une série de résonances magnétiques au fil des années, et même qu’il faisait partie des premiers patients sur une machine beaucoup plus performante, je me suis retrouvée à remémorer son aventure médicale.

Comme je le fais trop souvent, mes idées se sont promenées un peu partout et se sont arrêtées sur les six chirurgies cérébrales que mon mari a subies, plus particulièrement comment on les a vécues. Est-ce que c’est possible de réduire une expérience si intense en un seul mot, ou dans ce cas-ci, six; un par chirurgie. Semble-t-il que oui. Les voici:

 TERREUR = chirurgie numéro un

En faisant face à la première chirurgie il y a déjà presque trois décennies, la seule émotion que je peux me souvenir c’était la terreur, la pure terreur. Comme mon petit mari m’a protégé de la sienne et de ses inquiétudes, je ne peux parler pour lui. Je décide de parler que pour moi ici aujourd’hui

Pour moi, tout ce qui se présentait était de l’inconnu. Même le vocabulaire m’était nouveau tout comme les lieux, les noms des tests, la chirurgie au cerveau de l’homme de ma vie, mon futur époux…Comment allait-il s’en sortir? Est-ce qu’Il s’en sortirait? Les séquelles…  Est-ce que je pourrais vivre avec les changements? C’était un vrai baptême par le feu

INQUIÉTUDE = chirurgie numéro deux

Avec deux bébés qui comptaient sur nous, je m’inquiétais sur comment gérer nos vies au quotidien. Comment pouvais-je me rendre à l’hôpital? Est-ce que les enfants pourraient voir leur papa? Qu”est-ce que les bébés verraient?

Je mettais un pied devant l’autre et je cherchais à m’occuper de deux êtres pour qui, temporairement, j’étais leur seul parent.

ESPOIR = chirurgie numéro trois

La troisième chirurgie a duré un nombre d’heures. Elle se faisait encore au cerveau, mais elle consistait d’y l’implanter des électrodes pour bien identifier le point focal des crises. En trouvant où les crises commençaient, il y avait possibilité de soigner, même guérir mon mari des convulsions possiblement fatales. Les chirurgiens ont découvert que la partie atteinte n’était pas dans la même section dans laquelle ils avaient déjà opéré deux fois.

FRUSTRATION = chirurgie numéro quatre

La chirurgie en soi a bien été, même au-delà de bien. L’opération consistait de lui enlever une section de son cerveau qu’il utilisait pour son mouvement et son langage. Mon mari est sorti avec aucune séquelle attendue évidente. Malheureusement, il continua d’avoir des crises et celles-ci se sont empirées rapidement. Nous avons vite compris que mon mari était de nouveau sur le chemin de l’hôpital, en espérant d’y arriver avant sa prochaine crise potentiellement mortelle.

CURIOSITÉ = chirurgie numéro cinq

Après tout ce que mon époux a déjà pu vivre,les chirurgies, les convulsions qui pouvaient lui coûter sa vie, nous demeurions curieux de voir ce qu’ils, les chirurgiens, pouvaient trouver comme information. Cette chirurgie ressemblait à la troisième, soit une opération exploratoire.

RÉSIGNATION= chirurgie numéro six

Nous savions que la chirurgie ne donnerait peut-être pas les résultats attendus. Après tout, c’est ce qui s’était passé lors de la quatrième chirurgie. Mais les options étaient pas mal limitées. C’était évident que J-M ne pouvait pas vivre sur le qui-vive. Tous les matins, il se demandait si aujourd’hui, il allait y passer. Même les séquelles de la chirurgie étaient plus faciles à vivre que le risque des crises.

C’est drôle, 6 chirurgies au cerveau sur la même personne pour le même problème, six réactions différentes.

Pour les curieux, c’est avec plaisir que je puisse dire que la dernière chirurgie était en effet la dernière!